Tourné sans autorisation en Chine continentale, à Anyang donc, l'Orphelin d'Anyang est une vraie bonne surprise. Son auteur, Wang Chao, 37 ans, a jusque-là publié plusieurs récits courts et, avec ce film adapté d'une de ses nouvelles, il signe son premier long métrage.
Bébé-furet. L'orphelin en question est un bébé reposant dans un panier en osier, à la fois personnage principal du récit et paradoxalement presque absent à l'image. Emmailloté dans des couvertures, la tête enfoncée dans un bonnet, il est quasiment invisible et les protagonistes le trimballent, se le refilent comme un paquet de linge sale. Car si tout le monde veut la garde de ce bébé, personne ne le traite autrement que comme un gros colis.
Tout le monde, c'est à la fois sa mère, une prostituée qui n'arrive plus à s'occuper de lui; un brave type au chômage qui en a accepté la garde contre une modeste rétribution; un petit malfrat local qui s'est mis en tête de faire de ce bébé sa propriété. Tel un furet, l'orphelin passe de mains en mains et suscite autour de lui une ronde de courses-poursuites.
Manifestement, Wang Chao a assimilé tout le cinéma d'auteur de ses voisins asiatiques proches. Le film évoque tour à tour des cinéastes aussi divers que Hou Hsiao-hsien (plutôt celui des années 80), Takeshi Kitano (avec son personnage de truand burlesque), le nouveau cinéma indépendant de Hong-Kong (Fruit Chan). Mais le jeune cinéaste affirme aussi une vraie personnalité.
Comparé au récent Beijing Bicycle, la Chine urbaine