Révélé par le double coup d'éclat de Kairat et Kardiogramma, le Kazakh Darejan Omirbaev peine à trouver un nouveau souffle. Après un polar semi-réussi (Tueur à gages), le voici s'engageant avec la Route (Jol) sur la piste du road-movie filmé à la Kiarostami (plans interminables sur la route du point de vue du capot, gros plan sur un rétroviseur dans lequel se réfléchit l'action...). Amir Kobessov est cinéaste. Il partage sa vie modeste avec sa femme et son petit garçon. Un jour, un télégramme lui apprend que sa mère est souffrante et il prend la route pour gagner son chevet. Durant ce périple, livré à lui-même, il est assailli par des images: souvenirs, rêves érotiques, cauchemars, projets de films...
La Route alterne donc le récit erratique du voyage et des séquences plus ou moins oniriques (traitées néanmoins de façon assez réaliste, loin du Fellini de Amarcord ou 8 1/2, auxquels la structure du film pourrait pourtant s'apparenter). Le sujet de Jol semble être la propre crise d'inspiration que traverse le cinéaste kazakh, représenté en homme seul qui ne sait pas très bien quoi faire de toutes ces images qui peuplent sa tête.
Dans une série de séquences particulièrement amusantes, Omirbaev parodie son précédent film. Le personnage principal essaie d'imaginer une scène de meurtre près d'un canal (identique à celle vue dans Tueur à gages) et on revoit la scène filmée de trois façons différentes, toutes pastichant le style métonymique d'Omirbaev (filmer un chapeau à terre pour d