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Libération
Critique

Des Tchouktches aux Evenks.

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Une exposition, un film et trois livres sur les peuples du nord de la Russie.
publié le 21 mai 2001 à 0h56

Deux cents peut-être, Louis Jammes les a tous photographiés. En pied, un à un, entre frères, en famille. Pour ce qu'il nomme un «recensement photographique», celui des Dolganes nomades. Dans le grand Nord de la Russie, la presqu'île du Tamyr constitue le district autonome dolgano-nénètse, administrativement rattaché au territoire de Krasnoïarsk sous juridiction du général Lebed, lequel vit à des milliers de kilomètres et des années lumière du Tamyr.

Cette presqu'île grande comme une fois et demie la France est peu peuplée, à l'exception de la ville industrielle de Norilsk (la cité du nickel). Les Russes venus s'y installer sont aujourd'hui bien plus nombreux que les natifs du Nord. Le plus ancien d'entre eux, le peuple nganassane, rétif à tout métissage, est menacé de disparition: il reste moins d'un millier de Nganassanes. Les Dolganes, six fois plus nombreux, sont eux issus d'un métissage vieux de plusieurs siècles entre des populations toungouses, yakoutes, russes et samoyèdes et leur langue appartient au groupe türk. Un peuple d'éleveurs de rennes, de chasseurs et de pêcheurs. Sur lequel les missionnaires ont eu peu de prise mais qui n'a pas pu résister au pouvoir soviétique (malgré l'insurrection des peuples de la toundra), qui organisa la vie en sovkhozes et imposa à la plupart un mode de vie sédentaire.

Dans et hors «balok». Restent ces derniers nomades dolganes. Qui, dans les années 70, ont abandonné le tchoum (tente traditionnelle couverte de peaux de rennes) pour le