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Libération
Critique

La destruction à l'oeuvre.

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publié le 21 mai 2001 à 0h56

envoyé spécial à Strasbourg

Pourquoi les hommes détruisent-ils les ima ges? La question s'est récemment posée à propos de l'anéantissement des bouddhas géants de Bamyan par les taliban. Mais elle est vieille comme le monde, du moins le monde dans lequel les hommes fabriquent des images. Les pharaons en savaient déjà quelque chose qui faisaient marteler les effigies de leurs prédécesseurs. L'interdiction des images est le deuxième des dix commandements donnés par Dieu à Moïse: «Tu ne feras aucune image, ni rien qui ressemble à ce qui est dans les cieux là-haut, ou sur la terre ici bas, ou dans les eaux sous la terre» (1).

Si la question n'est pas d'aujourd'hui, elle est en revanche souvent mal posée. Ainsi a-t-on pu assister à des réactions plus passionnelles que raisonnées à propos de l'Afghanistan où, pour certains, il paraissait indécent de s'émouvoir de la disparition d'oeuvres d'art alors que la condition des femmes (mais pas seulement des femmes) serait autrement plus préoccupante. L'erreur consiste à jouer les humains contre les objets: peu importe ce qu'il advient de quelques vieilles pierres alors que l'oppression sévit dans le pays. L'erreur est de dissocier la sauvegarde de statues de la lutte pour l'émancipation. L'obscurantisme ne trie pas, il dévaste aveuglément. C'est pour dessiller cette cécité que le musée d'histoire de Berne a monté une exposition consacrée à l'iconoclasme qui est maintenant présentée à Strasbourg.

Enseignement. Historiquement, la première gran