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Libération

Au bout du rouleau, Kerouac.

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publié le 22 mai 2001 à 0h57

Onze millions de francs pour le manuscrit du Voyage au bout de la nuit de Céline, 10 millions pour celui du Procès de Kafka, il y a treize ans... Qui dit mieux? Jack Kerouac et le manuscrit de Sur la route? Quelle somme absurde atteindra aujourd'hui chez Christie's, à New York, le rouleau sur lequel l'Américain a jeté la première mouture de son roman mythique? Ce rouleau, Jack Kerouac en parle déjà le 22 mai 1951 dans une lettre à Neal Cassady, son copain, sa muse et le modèle de Dean Moriarty, le héros de Sur la route: «Du 2 avril au 22, j'ai écrit 125 000 mots d'un roman complet, une moyenne de 6 000 mots par jour, 12 000 le premier, 15 000 le dernier. [...] L'histoire traite de toi et de moi sur la route... Comment nous nous sommes rencontrés en 1947, les premiers temps: Denver en 47; le voyage en 49 dans ta Hudson; cet été dans la Plymouth pédé et la Cadillac à 180 à l'heure et Chicago et Détroit. [...] J'ai raconté toute la route à présent. Suis allé vite parce que la route va vite...Êécrit tout le truc sur un rouleau de papier de 36 mètres de long (du papier-calque...) ­ Je l'ai fait passer dans la machine à écrire et en fait pas de paragraphes... Je l'ai déroulé sur le plancher et il ressemble à la route...» (1)

Un long processus

Le légendaire Sur la route, Kerouac l'a donc jeté d'un souffle, mais après des années de maturation. Il a fallu au jeune écrivain (en 1951, il a 29 ans) d'abord trouver sa voie. Fils de tout petits bourgeois du Massachusetts d'origine québécois