En voulant résoudre un petit mystère (l'absence de production picturale de Picasso de 1945 à 1949), le critique-galeriste Pierre Staudenmeyer s'est passionné pour l'histoire de la céramique artistique des années 50. Picasso ne peignait pas, car le maître était à Vallauris, où il se tournait, après une guerre dévastatrice, vers une nécessaire pratique des origines. A cette époque, une génération de créateurs, plus artistes que céramistes, investit les centres traditionnels de la poterie, comme la Borne, Dieulefit, Quimper. Dans une grande liberté formelle avec la matière, Roger Capron, Jean Derval, Georges Jouve... explorent une nouvelle terre, celle de la fusion des arts. La plasticité du vase en terre chamotée de Véra Szekely, le rouleau des Argonautes ou les pièces monochromes de Pol Chambost modèlent un nouveau rapport entre art moderne et quotidien. C'est ce qui est réjouissant dans l'exposition présentée à la galerie Neotu. Cet art du feu décoratif, finalement déroutant, reste en partie à écrire. Pierre Staudenmeyer offre en plus un bel ouvrage illustré (1), où il piste ces modeleurs, et propose une cohérence à leur travail. «La fonctionnalité d'un objet n'est plus la seule finalité. Comme pour la peinture, la matière, l'acte deviennent des interrogations majeures. La terre est amenée au premier plan.».
Vente aux enchères de céramiques 1880-1980, salle Rossini, 7, rue Rossini, le 29/5 à 14 h 30.
(1) La Céramique française des années 50, préface d'Anne Lajoix. Français/ang