Il fut le grand oublié de l'année écoulée. Les chansons s'écrivent parfois à deux, malgré ce que laissaient supposer les éloges un peu exclusifs recueillis par Keren Ann Zeidel durant la promotion de l'album à succès de saison, Chambre avec vue d'Henri Salvador (700 000 ventes en France et une sortie européenne avant d'attaquer le marché américain). Dégager une perspective royale à la jeune auteure, c'était éclipser la moitié du tandem qu'elle forme avec Benjamin Biolay. A leur façon, sans qu'on puisse attribuer telle partie à l'un ou à l'autre puisqu'ils sont, chacun, auteur-compositeur, ces nouveaux Mireille et Jean Nohain avaient cosigné quatre chansons, dont l'emblématique Jardin d'hiver pour l'octogénaire hilare.
Ce n'était pourtant pas une blague. Mais le temps est bon prince et Benjamin Biolay, 28 ans, se remet de ces omissions. «J'étais en Belgique quand le disque est sorti. Ce n'est qu'en rentrant que je me suis rendu compte de l'étendue des dégâts. Il était trop tard pour intervenir dans cette machine industrielle. Cela a réellement failli créer des tensions avec Keren Ann. Etre snobé de la sorte m'était douloureux. J'avais mis tellement de moi dans ces titres dont soudain on m'écartait, balayé par je ne sais quelle force mystérieuse.»
Rimes en «ère». Depuis, Henri Salvador s'est fait pardonner à sa manière, c'est-à-dire avec trois accords de guitare. L'ancien accompagnateur de Ray Ventura s'est fendu d'un swing leste sur le premier album de Benjamin Biolay, un disqu