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Libération

L'éros de Freud tabou en Australie.

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Une toile du petit-fils de Sigmund suscite une polémique nationale.
publié le 28 mai 2001 à 1h01

Canberra envoyé spécial

Le musée national de Canberra, Australie, a accroché ce week-end à ses cimaises une oeuvre du peintre contemporain anglais Lucian Freud, D'après Cézanne, au beau milieu d'une controverse enflammée. Editoriaux rageurs, émissions de radio, lettres indignées par ce gaspillage de fonds publics, cet éloge de l'obscénité, on n'avait pas vu cela depuis l'acqui sition, par le même musée, d'un grand tableau de Jackson Pollock il y a vingt-huit ans. L'objet du délit a été acheté l'équivalent de quatre millions d'euros au marchand new-yorkais de l'artiste.

Lucian Freud a longuement travaillé sur cette toile de 2,15 mètres sur 2,10, qu'il a finie l'an dernier pour la présenter à l'exposition «Le nu dans le XXe siècle», à la Fondation Maeght de Saint-Paul-de-Vence. Sa composition est inspirée d'une scène lascive de Paul Cézanne, l'Après-midi à Naples, montrant un couple nu allongé auquel un serveur nègre apporte des rafraîchis sements.

Foutoir. Lucian Freud est l'heureux possesseur de ce remarquable petit tableau. Partant de la tension liant ces trois personnages, il raconte sa pro pre histoire. La sérénité érotique de Cézanne tourne plutôt au désespoir. L'homme (cette fois vu de face, donc ses parties exposées) est avachi. Il a l'air franchement mécontent, ou déprimé, et sa compagne semble le rassurer. Le serveur est devenu une femme. Près de la couche gît une chaise renversée. La chambre est un foutoir, dans tous les sens du terme. On dirait un trio bohème.

Il se tr