Il y a dix ans, avec El Ciel Sube présenté au festival de Locarno, Marc Recha a été découvert par certains cinéphiles, dont Manoel de Oliveira. Il avait alors vingt ans. Il y a deux ans, il a été retrouvé avec l'Arbre aux cerises. Cette année, ce jeune homme aux cheveux gris et aux yeux très clairs est monté en première ligne avec son troisième film, Pau i el seu germa (Pau et son frère, en catalan) projeté à Cannes en compétition officielle. Vendredi soir, il présentait ce film à Gerone, en plein coeur de la Catalogne «catalaniste».
D'où vous est venue l'inspiration de «Pau et son frère»?
Je voulais parler de la difficulté de communiquer. Faire passer les sentiments, les interrogations, par des regards, des gestes. Je voulais aussi saisir le passage du temps, son travail sur la mémoire et les sentiments. Et puis il y avait des histoires vraies, qu'avaient vécues des amis.
Votre film donne une place importante au paysage.
La montagne est un personnage, surtout au début. Ensuite, la caméra serre plus les visages des acteurs. J'ai toujours pensé que le paysage pouvait être un personnage à part entière. Ici, c'est la sierra de Cadi, un paysage très humain, transformé par l'homme.
Dans mon histoire, les montagnes sont une présence de l'absent, Alex, le frère de Pau, qui est mort. J'ai appris cela en regardant les films de Rossellini. Regardez l'importance des rochers, de la plage noire dans Stromboli, ou des paysages italiens dans Voyage en Italie.
Vous connaissez la région de Gosol o