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Libération
Critique

«Pau» d'âme.

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Le Catalan Marc Recha affronte le deuil avec douceur et sensualité.
publié le 30 mai 2001 à 1h02

Longtemps, c'est à la seule littérature que ce rôle fut confié: épeler l'absence, écrire pour trouver un espace où s'affranchir de la mort. L'image, avec son pouvoir d'embaumer le souvenir, tricotait quant à elle davantage du côté de la mémoire, de l'illusion. Le cinéma, à part quelques modernes isolés (Rossellini, Duras...), a ainsi perpétuellement biaisé avec le grand vide, sans cesse évité d'avoir affaire avec cette place, qu'on appelle volontiers celle du mort. Et puis voici le dernier festival de Cannes, dressant un état de la chose cinématographique massivement hantée par la mort ou plus encore par ses «miettes». Films pétrifiés, cinématographies en affliction, panique soudaine, localisable partout: chez Moretti, chez les Japonais... Mais jamais avec autant de sensualité que chez Marc Recha, un jeune homme de 30 ans, catalan, surdoué et grand oublié du palmarès. Recha, qui prend la disparition d'un frère comme une demande d'éveil, un appel à renaître, et à jouir. Un cinéaste qui aurait soif de cette intensité érotique particulière se lovant dans le moment du deuil, entre les vivants, pour le court moment d'un travail d'amour.

Frère pécheur. Un coup de fil vient tirer Pau de la torpeur de son lit. Et c'est en regardant Barcelone déjà écrasée de soleil qu'il apprend qu'Alex, son frère, est mort cette nuit-là sur la route, semble-t-il suicidé. De ce frère pécheur, sa mère et lui ne savait plus rien. Ils découvriront qu'il vivait dans un village des Pyrénées, de divers trav