Jacques Villeret est vraiment verni. Après avoir rempli ses offices de nouveau roi de la comédie française (les cartons successifs du Dîner de cons, des Enfants du marais, d'Un crime au paradis), il trouve le moyen de se faire régulièrement offrir des vacances gratos. Cela donne Mookie, comédie en ponchos et sombreros, où Eric Cantona se démenait à ses côtés pour donner la réplique à un singe qui parle (trois ans après, on n'y croit toujours pas). Ou encore cet Aller simple, où l'acteur visite l'Atlas marocain en compagnie de deux comédiens cadets. A cette opération touristique déguisée ne manque pas même un canevas scénaristique: un chargé ministériel doit assurer la réintégration dans son élément familial d'un jeune Marocain. Le garçon n'est pourtant pas du tout marocain, mais juge un temps dans son intérêt de le faire croire. À partir de là, le bourgeois dépressif et le jeune galérien à la marge lient des liens indéfectibles et en apprennent un bout sur le sens de la vie. Et tout ça, sur fond de sable, de soleil et de vent. Sauf que justement on ne sent ni la chaleur, ni le souffle de l'air, ni la rugosité des pierres.
Chaque plan fige le moindre paysage en chromo insipide dépourvu de toute vibration et de tout sentiment, comme si les responsables de ces images n'avaient pas d'inconscient. Film vraiment impossible (à aimer bien sûr, mais aussi à haïr, ou même à commenter), cette comédie sentimentale d'un autre âge retient surtout l'attention par son montage financier.
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