La Wachau envoyé spécial
Petit paradoxe autrichien: alors que ce pays a vu naître la psychanalyse, les Autrichiens comptent parmi les peuples européens qui ont le moins recours à la thérapie freudienne. Explication d'August Ruhs, psychanalyste viennois: «Pour éviter de s'allonger sur un divan, les Autrichiens ont trouvé un dérivatif, ils boivent. Ce qui confirme le soupçon d'une fixation particulière de mes concitoyens sur le stade oral, chaque gorgée leur procurant en plus le plaisir de la caresse du verre sur les lèvres.»
Conséquence joyeuse de ce refus de regarder en face les méandres de son inconscient, ce petit pays s'est doté non seulement d'une palette appréciable de bons vins (principalement des blancs), mais surtout d'un nombre très important de lieux où les déguster. L'un des endroits favoris des Autrichiens consiste en un tout petit segment du Danube, la Wachau (à prononcer «varao», avec un «r» très guttural), vallée merveilleuse composée de vignobles en terrasse, d'églises baroques et d'irrésistibles petits villages médiévaux. D'autant plus merveilleuse qu'elle se referme très vite: la Wachau s'étend très exactement de Melk (célèbre pour son abbaye bénédictine, chef-d'oeuvre d'architecture baroque) à la petite ville de Krems, soit sur une trentaine de kilomètres de part et d'autre du Danube, sinuosités du fleuve incluses. Cet espace protégé des vents froids venus de Bohême par ses collines abruptes, dont les vignobles se dorent aux rayons d'un soleil reflété par le