Que Billy Bob Thornton, plus connu pour ses dons d'acteurs (Un faux mouvement de Sam Raimi) que de metteur en scène (encore que son coup d'essai, Sling Blade, n'était pas mal), ait relevé le défi d'adapter l'un des plus grands et coriaces écrivains contemporains, Cormac McCarthy, voilà qui avait de quoi rendre nerveux. Il est vrai qu'il ne s'est pas jeté sur le roman le plus ardu. De si jolis chevaux est le premier volet d'une Trilogie des confins, suivi par le Grand Passage et Des villes dans les plaines, qui a valu à son auteur une tardive unanimité critique et publique, le National Book Award et un gros succès de librairie.
Clip marmelade. L'univers de McCarthy est traversé d'hécatombes et d'éclats infrahumains absolument cauchemardesques. On voit mal qui pourrait s'affronter à la densité nocturne de livres tels que Méridien de sang (1) ou l'Obscurité du dehors, sauf à imaginer un clonage frankensteinien entre Peckinpah et Mizoguchi. Thornton avait sans doute une autre vision de l'adaptation que celle que Miramax sort sur les écrans. Le film dure deux heures, et il semblerait qu'on l'ait obligé à foutre une heure de matériel supplémentaire à la poubelle. Pour qui a lu le livre, il est déjà difficile de ne pas entendre les pages tourner mais, quand au coeur du film, les séquences s'accélèrent en clip marmelade, ça sent de plus en plus la lecture en diagonale et les «longueurs» ratatinées au montage. La plénitude mélancolique que le film était probablement censé atteindre en