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Libération

Touche pas à ma marque.

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publié le 8 juin 2001 à 1h11

Danone, qui réclame quatre millions de francs aux responsables de deux sites d'appel au boycott de ses produits, a promis de verser l'argent à «une association de défense de la liberté d'expression». Un geste tout en noblesse yaourtière, censé confirmer ce que la firme a encore répété lors du procès intenté pour usage détourné de ses logos (1): on s'est mal compris, amis de l'expression libre, il y a juste «défense de la marque». Et non pas tentative de bâillonnement au prétexte indigent des mots «je boycotte» ajoutés dans l'hexagone bleuté. On l'aura compris, par «expression», Danone entend l'usage du français comme on le cause. Si ça nous chante, on peut écrire que la firme aux yaourts est un rouleau compresseur arrogant et liberticide. Avec un peu de chance, Danone la libertaire nous récompensera même de quelques fractions de la cagnotte des quatre millions. En revanche, pas question de reprendre le logo bleuté, et de le détourner. Interdits les logos trafiqués, l'utilisation des couleursTM déposées à l'Inpi, l'exploitation de l'univers visuel de l'entreprise dont elle nous arrose à longueur de temps par pub interposée. Les esprits chagrins y verront de la démagogie. Pure injustice: la firme nous rappelle simplement que la noblesse de l'expression, c'est l'écrit, pas l'image. Avec ce procès, elle défend en fait les contestataires contre eux-mêmes, leur suggérant d'éviter les méthodes de communication vulgaires dont elle use elle-même à longueur de spots.

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