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Libération

«Une adhésion sans réserve à l'idéologie du ""sang et du sol""»

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par Arno Munster
publié le 9 juin 2001 à 1h11

Va-t-on vers une nouvelle «affaire Heidegger», prenant le relais de la polémique suscitée en 1987 par Victor Farias (1)? En effet, le volume XVI des oeuvres complètes de Martin Heidegger qu'a publié l'éditeur allemand Vittorio Klostermann, à Francfort, comporte des textes, des discours, des lettres qui risquent de relancer la polémique et de ternir davantage l'image du philosophe. L'éditeur qui avait déjà sorti en 1986 le volume XV des OEuvres complètes de Heidegger en allemand (2) a attendu quatorze ans pour publier le volume suivant (le vol. XVI), préférant, en 1994, sortir le volume numéroté «XVII». Vittorio Klostermann a-t-il volontairement retardé la publication de ce volume XVI, craignant le tollé que pouvaient soulever les documents reproduits?

Fervent militant. Non seulement l'adhésion ­ certes, temporaire, mais réelle ­ du philosophe de l'être au nazisme, en 1933, se trouve reconfirmée, par son discours sur l'Université dans l'Etat national-socialiste prononcé à Tübingen le 30 novembre 1933, qui fait encore une fois apparaître Heidegger comme un des plus fervents militants (intellectuels) pour la cause du national-socialisme; mais au-delà des faits déjà connus, l'alignement idéologico-politique de Heidegger au nazisme est de nouveau attesté par des discours et des lettres (inédites) qui révèlent ­ comme Ludger Lütkehaus l'a souligné récemment dans un article publié dans l'hebdomadaire allemand Die Zeit (3) ­ que le philosophe ne s'est pas contenté d'approuver le myth