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Libération
Critique

Pina Bausch, hongrois rêvé.

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publié le 11 juin 2001 à 1h12

On dit que la Hongrie est une terre humide. Confirmation avec Wiesenland (Terre verte), fruit du séjour l'an passé de la troupe du Tanztheater Wuppertal de Pina Bausch à Budapest. Un mur végétal mastodonte (décor-sculpture de Peter Bapst) obture le fond de scène et suinte d'une multitude d'infimes filets d'eau, dont les quelques moments de silence permettent d'apprécier le délicat glouglou. Une théorie de femmes aux sourires entendus (toutes le même, comment font-elles?) se pavanent et s'entrecroisent, dans des frous-frous de soie mouillée sur le sol noir du plateau. Est-ce ainsi que les hommes vivent, ne sont-ils bons qu'à empêtrer leurs compagnes de gestes qui empêchent ? Tel est en tout cas le rôle que leur assigne Pina Bausch. Machos cassants ou gamins coquins, leur sale travail consiste à s'insinuer dans tous les méandres des interdits, à s'offrir aux caresses pour mieux leur échapper, à se réjouir de décevoir et à doucher, au sens propre, toute velléité de plaisir. Un propos sur la guerre des sexes qui pourrait sombrer dans le sinistre, mené par une autre baguette que celle de la sorcière de Wuppertal.

Fluidité. Comment résumer une histoire qui s'enquille dans une multitude de petits sketches, allègres comme des slapsticks de cinéma muet? Si histoire il y a (bien malin qui pourra tenir de bout en bout le fil conducteur soi-disant hongrois), elle tient dans la fluidité du récit et non dans une logique de contenu. D'où le miracle habituel qui fait l'essence des spectacles