Oran envoyé spécial
Cheb Mami ne peut plus faire trois pas sans provoquer des attroupements dans les rues d'Oran, capitale du raï qu'un soleil printanier illumine. Une nuée d'enfants aux basques, il promène les journalistes d'une douzaine de médias venus de Paris pour la promo de son nouveau disque dans les rues escarpées de Sidi el-Houari, coeur historique d'Oran, du nom du saint patron soufi de la ville. «Mami habite depuis longtemps en France et chante partout le raï dans le monde. Il chante avec Sting en Amérique, mais il ne nous a pas oubliés. Lui, il parle bien de l'Algérie quand je le vois sur la télévision française», dit le jeune Malek, blouse blanche, long couteau à la main, qui débite le shawarma dans une de ces innombrables gargotes dont les arrière-salles accueillent les flirts lycéens. Au mépris de la sono du restau tonnant un raï incompréhensible, Nabila, la serveuse aux yeux noirs, confie: «J'adore Mami parce qu'il ne chante que l'amour, sans grossièretés. Il vient souvent à Oran. Je l'ai vu au festival de raï du théâtre de Verdure. Il est simple.»
Les propos de Malek et de Nabila résument tout le désarroi ombrageux d'une jeunesse qui ne supporte plus de voir le pays réduit à la violence, un peuple isolé du monde à vingt minutes d'Alicante, une heure de Marseille (en réalité beaucoup plus, avec les retards endémiques d'Air Algérie).
Se ressourcer. «La jeunesse est révoltée contre le système en Algérie. Nous sommes contents que Mami ait amené tant de journalistes