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Libération
Critique

Le théâtre du Radeau entre deux eaux.

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publié le 12 juin 2001 à 1h13

Le Théâtre du Radeau a toujours fait honneur à son nom. Aux grands vaisseaux de béton arrimés dans les villes, la compagnie fondée par François Tanguy il y a de plus de quinze ans préfère aujourd'hui les claquements de toile du chapiteau itinérant. Le bois tient par ailleurs une place importante dans l'esthétique du Radeau: les tréteaux, les poutres, les châssis qui parsèment le plateau témoignent d'un naufrage et d'une reconstruction possible. Les spectacles, au moins depuis Mystère bouffe en 1987, sont littéralement flottants: l'aire de jeu n'est pas fixe mais se réorganise au fil de la représentation, et l'on n'est jamais sûr de l'endroit où surgiront les images; les acteurs glissent plus qu'ils ne marchent, et l'univers où ils évoluent évoque un monde parallèle, comme une esquisse du nôtre entraperçue à travers un hublot, qui appelle à son tour une vision flottante, les yeux mi-clos pour ne rien rater du songe éveillé. Les Cantates, le nouveau spectacle créé au Théâtre national de Bretagne de Rennes et donné sous une vaste tente plantée dans le jardin des Tuileries, témoignent parfaitement de la singularité de l'univers du Radeau. L'espace tout en profondeur rappelle un atelier de peintre où les toiles se seraient échappées des châssis, avant de se dématérialiser. Ne subsiste que leur souvenir, et parfois leur reflet.

Etapes-visions. «Mais où est donc le théâtre?», semble s'interroger encore et toujours François Tanguy, qui fit de cette quête, en 1991, le titre d'un spect