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Libération
Interview

«L'Histoire vécue en drame»

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publié le 14 juin 2001 à 1h14

En raison de la grève qui a bloqué la sortie des quotidiens nationaux, nous reproduisons aujourd¹hui plusieurs articles de notre édition non parue hier.

Le cinéma coréen a un maître: Im Kwon-taek. Petit homme affable et souriant, il ne paie pas de mine en allant sereinement vers ses 65 printemps. Et pourtant: près de cent films au compteur, dont une moitié dans les genres favoris d'un public friand de polars, de guerres des gangs, de mélos et d'arts martiaux. L'autre moitié, depuis vingt-cinq ans, décline obstinément un thème fétiche. La femme martyrisée par une société d'hommes et de traditions, qui trouve en elle les moyens de la subversion. De son supplice elle fait un enjeu érotique, des étoffes dont on la pare un manifeste de couleurs et de matières, des rites auxquels on la contraint elle devient la prêtresse.

On connaissait Im Kwon-taek pour deux films distribués en France, la Chanteuse de Pansori (1993) et le Chant de la fidèle Chunhyang (2000). Désormais, grâce à une rétrospective d'une vingtaine d'oeuvres à la Cinémathèque française, on peut découvrir des films aussi étonnants que la Mère porteuse, Adada, Généalogie, Festival ou Mandala, oscillant entre fresque épique et beauté hiératique, entre dénonciation politique et plaisir absolu.

Vous avez réalisé 97 films, c'est impressionnant!

J'ai débuté en 1962 et, en douze ans, j'ai tourné 52 films. C'était mon gagne-pain. Si je pense à cette période, j'éprouve d'abord un sentiment de honte et j'aimerais mieux que ces films