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Vertiges végétaux

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Entre provocation kitsch et détournements hybrides, le Xe Festival des jardins de Chaumont-sur-Loire ravive une pratique désuète: la mosaïculture.
publié le 15 juin 2001 à 1h15
(mis à jour le 15 juin 2001 à 1h15)

Les jardins étaient devenus libres, en mouvement, paresseux... Et voici qu'à contre-courant, le Xe Festival international des jardins de Chaumont-sur-Loire célèbre la mosaï culture. Cette ornementation, née à la fin du XIXe siècle, régie par une géométrie stricte, des contrastes de couleurs et une obsession pour la couverture végétale, se regardait du haut d'un balcon, comme la représentation d'une nature complètement domptée par l'homme (1).

On avait fini par classer cette pratique parmi les perversions passéistes et crème Chantilly. La mosaïculture ferait-elle un retour kitsch? N'est-ce pas une pure provocation de la part de ce laboratoire international des jardins qui, depuis dix ans, a fait fleurir plus de 300 parcelles échevelées ou technologiques? «Ringarde, la mosaïculture? Pas du tout! affirme Jean-Paul Pigeat, directeur du festival de Chaumont. Nous étions allés au bout du fleurissement libre. L'idée de la contrainte qu'exige la mosaïculture, c'est excitant. C'est une vraie tendance qui traverse la société et qui explique le succès du livre de Catherine Millet (2)! Et la mosaïculture est en excellente santé, en France et dans le monde entier.»

«Aliens de moisissures». Tous les paresseux ou les adeptes du jardin-paysage ne se sont évidemment pas aperçus que, l'an dernier à Montréal, s'était tenu le MIM: Mosaïcultures internationales de Montréal, rendez -vous mondial de tous les sadomasos de l'asservissement des végétaux. Là se sont dressés d'invraisemb