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Libération

Henri Alekan rejoint la lumière.

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Mort du chef-opérateur de Cocteau, Carné, Gance, Losey...
publié le 16 juin 2001 à 1h16

Henri Alekan est mort hier à l'aube, d'une leucémie. Il avait 92 ans et habitait depuis quel ques années dans la tranquillité d'une maison de Boulogne. Au milieu d'innombrables photographies, de livres, de notes de travail, de lettres d'amis, Alekan poursuivait ses réflexions sur son métier, qu'il tenait à nommer «directeur de la photographie du cinéma», et continuait à vivre avec sa seule passion, la lumière. Cette maison-laboratoire renvoyait aux paroles du maître des lieux: «Penser la lumière, c'est un repli sur soi», et avait trouvé forme dans un livre magnifique, l'un des plus beaux jamais écrits sur la fabrication du cinéma, Des lumières et des ombres (1). On y lisait une scène originelle: l'histoire d'un enfant qui, un jour de grandes vacances à Villefranche-sur-Mer, assiste à l'illumination d'un paysage, éclairé par des arcs électriques lors du tournage en décor naturel d'un film hollywoodien. Alekan tournera cent trente films, chef-opérateur de Cocteau, Carné, Clément, Gance, Losey, Wenders.

Ses premières lumières, le jeune Alekan, aidé de son frère Pierre, les dirige sur un théâtre de guignol. Marionnettistes, les deux compères font de nombreuses tournées à la fin des années 20. C'est aussi le temps des études, aux Arts et Métiers, puis à l'Institut d'optique. Henri Alekan aura toujours cette ressource: il mêle pratique et théorie, mise en place méticuleuse des dispositifs lumineux et réflexions poussées sur leurs effets. Assistant opérateur ou cameraman sur bon nom