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Libération
Interview

Antoine Amarger «La restauration est toujours un choix».

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Antoine Amarger dirige les travaux sur «les Bourgeois de Calais» à la villa Médicis:
publié le 16 juin 2001 à 1h16

Antoine Amarger dirige les opérations de restauration en cours des Bourgeois de Calais, dans les jardins de la villa Médicis. A 44 ans, travaillant notamment pour le musée Rodin de Paris, il a déjà restauré une dizaine d'oeuvres de ce sculpteur, dont un autre exemplaire des Bourgeois de Calais.

Quels sont les critères présidant à cette restauration?

Nous faisons un nettoyage sélectif, en essayant de réduire les contrastes trop violents, les parties noires ou les rayures qui gênent la perception des modelés. C'est une intervention minimale, qui ne doit pas se voir. La statue garde sa couleur: quand il y a une belle patine verte, mieux vaut la conserver. Il y a encore dix ans, on repatinait pour donner l'aspect original. C'est le coup de la mamie qui veut se transformer en jeune fille.

Aujourd'hui, nous acceptons plus facilement le vieillissement: il fait partie de l'oeuvre. De toute manière, c'est le contexte qui altère une oeuvre. Si la sculpture reste en plein air, il faut la nettoyer, la retoucher, la protéger autant que possible. La rajeunir, cela n'a guère de sens.

C'est donc une réponse purement technique?

Dans le débat sur les restaurations, il arrive de parler technique pour masquer un choix esthétique qu'on a peur d'assumer. Or une restauration est toujours un choix: nous voulons restaurer une oeuvre de la manière dont nous l'aimons aujourd'hui. La préfère-t-on brune, noire ou verte? Aujourd'hui, on préfère la laisser avec sa patine verte. Il faut l'assumer, sinon on risque des retours du refoulé, avec des polémiques et une confusion inutiles. D'où aussi l'intérêt de