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Libération

Le casse-tête du cinema chinois.

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publié le 19 juin 2001 à 1h17

Shanghai envoyé spécial

Pour l'ouverture du Festival international de cinéma de Shanghai, les organisateurs avaient prévu de projeter le Tournant rouge, un film de Li Xiepu et Liang Shan, situé à la veille de la victoire communiste de 1949, alors que Mao se prépare à gouverner. Une saga de propagande tournée dans la perspective du 80e anniversaire, le 1er juillet, de la fondation du Parti communiste chinois. Finalement, les organisateurs ont changé d'avis et opté pour l'Amour en bleu, un thriller chinois de Huo Jianqi, jugé plus présentable dans un cadre «international». Toute l'ambiguïté de ce festival est résumée dans cette valse-hésitation: Shanghai veut disposer d'une manifestation du niveau des grands festivals mondiaux, mais a bien du chemin à faire pour se libérer du carcan idéologique et bureaucratique qui colle à la peau du cinéma chinois officiel. Tout est dit lorsque l'un des discours de la cérémonie d'ouverture est prononcé par la vice-directrice du Bureau du cinéma à Pékin, soit... l'officine chargée de la censure!

Trois genres qui s'ignorent

Il n'y a pas aujourd'hui un, mais deux ou même trois cinémas chinois différents et qui s'ignorent. Il y a celui qui triomphe en Occident, avec des signatures prestigieuses comme Jiang Wen (les Démons à ma porte, grand prix du jury au Festival de Cannes 2000, interdit en Chine), mais dont les spectateurs chinois sont généralement privés. Et il y a celui qui, à raison d'une centaine de films par an, reste en vase clos dans un ci