«La pluie ne vient plus/ Le maïs est sec/ La mère pleure/ La famine est là/ La rivière est à sec/ Les animaux meurent.» La plainte Ojala Ye Ya, de Carlos Burity, contient toutes les larmes du monde. C'est cette musique étrange qui nous vient d'Angola, où la mélancolie est détournée en mélodie enjouée. Moustache fine, coupe de cheveux impeccable, Carlos Burity, 51 ans, est désigné comme «la grande voix du semba», lointain ancêtre de la samba du Brésil. Une compilation remarquable donne un (petit) aperçu des musiques d'Angola, ce grand pays qui ne connaît toujours pas la paix.
L'album Canta Angola couronne une série de cinq disques rassemblant le meilleur de ces quarante dernières années. Une anthologie étonnante qui fait du répertoire d'Angola (11 millions d'habitants) une exception quand il sonne créole, caraïbéen, tout en étant profondément africain et moderne. Il faut dire que le pays a été colonisé dès le XVIe siècle par les Hollandais, avant l'arrivée des Portugais.
«Lutter comme des titans.» Canta Angola, comme la série des Angola, résulte de la passion d'Ariel de Bigault, Française amoureuse des cultures afro-lusophones, qui a réussi au bout de plusieurs années à rassembler ce florilège, dont elle a aussi tiré un documentaire d'une heure: «Vu la situation du pays, rares sont les musiciens qui vivent uniquement de leur musique. Mais ils choisissent toujours leurs accompagnateurs, veulent qu'on les respecte et se méfient des bonnes intentions.» Les carrières du guitariste