envoyée spéciale à Stuttgart

«Mitraillez tout ce qui bouge, au hasard, sans réfléchir, sans vous soucier du résultat», claironne Lothar, rangers aux pieds, un appareil dans chaque main. Les pique-niqueurs, sur la pelouse du château Solitude à Stuttgart, observent intrigués une bande d'excités en train de photographier à tout va.

Ils n'étaient qu'une dizaine de courageux, rassemblés en cette matinée de l'Ascension pour la Lomomarsch, un des événements organisés par la Société internationale de lomographie à travers le monde: «L'idée, explique Holger, l'initiateur de la randonnée, c'est de parcourir à pied cet axe du XVIIIe siècle, du château Solitude où habitait le duc de Wurtemberg au château de Ludwigsbourg, sa "maison" de campagne.» Soit quatorze bons kilomètres à travers villes et champs. Avant de s'élancer, les participants posent pour une photo de groupe dans le plus pur style «Lomo» : gros plan sur les pieds des participants. La troupe s'ébranle joyeusement le long du chemin, à l'affût du moindre détail : un pissenlit, un tronc d'arbre tordu, un genou, un caniche, un bout d'épaule, des cyclistes et encore des cyclistes... On shoote tout et n'importe quoi dans toutes les positions (à hauteur de hanche, sur le sol, entre les jambes, de dos mais surtout jamais l'oeil derrière le viseur) : se fier à son instinct, en passant outre les règles élémentaires de cadrage. «Le Lomo est aussi un état d'esprit», rappelle Lothar, un des ambassadeurs en Allemagne. Après avoir mis une he