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Libération
Reportage

Alep au hasard du bazar

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Vitrines dorées, senteurs d'épices, échoppes d'étoffes... Visite guidée dans les méandres du souk pour une plongée en plein coeur de l'Orient à quatre heures de Paris.
publié le 22 juin 2001 à 1h19

Alep envoyée spéciale

Pour pénétrer dans le souk, la solution la plus sage est d'emprunter une de ces allées qui bordent la Grande Mosquée. Celle qui se fait parfois appeler «des Omeyades», comme celle de Damas, sans lui arriver à la cheville. Ce quartier du souk d'Alep ­ étape obligée pour les caravanes de la soie ­ est le plus ancien et le plus riche. L'or dégouline des vitrines. Sur le pas des portes, les bijoutiers lancent des invitations «pour le plaisir des yeux». Autrefois, ils étaient en majorité arméniens. Ce n'est plus le cas, mais la rumeur raconte que, entre eux, les orfèvres continuent à parler une langue secrète, mélange d'arménien et de turc. A deux pas ­ une chose n'allant pas sans l'autre ­ sont installés les marchands de robes de mariée. Suspendues, elles flottent comme des montgolfières couvertes de perles et de rubans.

Soie tissée main. Ici, les femmes finissent toujours par relever un coin de voile et on comprend vite que les Alépins ne sont pas des ascètes, contrairement à leur compatriote saint Siméon le Stylite, qui, vers l'an 400, s'installa en haut d'une colonne dans la région. Il y passa les trente-six dernières années de sa vie. A sa suite, des dizaines d'«athlètes de Dieu» entamèrent une carrière d'ermite. Cette vogue a fait long feu et un proverbe alépin résume la philosophie désormais en vigueur: «Si tu veux voler, vole de la soie, si tu veux frapper, frappe un prince.»

A l'est du souk des orfèvres, c'est le souk al-Sabun, berceau du commerce en g