«C'est un mouvement déglingué, ludique, qui n'obéit à aucune règle de la photographie conventionnelle, s'enthousiasme Catherine Merdy, artiste, en posant sur la table un appareil photo rudimentaire, à peine plus gros qu'un paquet de cigarettes. Le Lomo est arrivé à un moment où les gens avaient besoin de se lâcher; en même temps que les raves dont il partage l'aspect communautaire.» Avant d'équiper la branchitude internationale, le Lomo, relique de l'ex-URSS, semblait voué à la disparition. Il est aujourd'hui au coeur d'un mouvement planétaire. Fondée en 1992, la Société internationale de lomographie compte plus de 500 000 mem bres et soixante «ambassades» dans trente-cinq pays: Londres, Berlin, Tokyo, New York, Taipei, Le Caire...
A l'origine du mouvement, deux étudiants autrichiens, Mathias Fiegl et Wolfgang Stranzingen, flashent sur ce compact primitif dégoté dans une brocante à Prague. Fascinés par les images étranges qu'il permet d'obtenir, ils photographient frénétiquement et épinglent les clichés sur un mur baptisé lomowall. Pressés par leurs amis qui à leur tour s'entichent de la petite boîte noire, ils écument les pays de l'Est à la recherche de la pièce rare. Après avoir épuisé les stocks de l'ex-bloc communiste, ils remontent à la source. Spécialisée dans la fabrication de matériel optique, la Lomo (Leningradkoje Optiko Mechanitscheskoje Objedinenie) PLC, compagnie sise à Saint-Pétersbourg, fabrique le Lomo Kompakt Automat depuis 1983. Victime de la crise économiqu