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Libération

Sacrée cinémathèque

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Bridée par son conservatisme, l'institution créée par Henri Langlois s'interroge sur l'avenir.
publié le 22 juin 2001 à 1h19

Peut-on encore sauver la Cinémathèque française? La prestigieuse institution cinéphile ne cesse d'accumuler les déboires depuis quelques mois. Non pas tant au niveau des programmations, qui restent de bonne tenue (Naruse, Walsh, Im Kwon-taek, par exemple), que de la politique générale de la maison du Trocadéro. C'est une antienne: la Cinémathèque va-t-elle déménager pour retrouver un certain dynamisme, en emmé nageant dans des locaux moins vieillots et mieux situés? Les installations de Chaillot, notamment la salle historique, ne font plus rêver que quelques nostalgiques d'Henri Langlois, le père fondateur, tant elles sont éloignées du coeur de la cinéphilie d'aujourd'hui. Ayant pris conscience de cette désuétude, le ministère de la Culture veut mettre à la disposition de la Cinémathèque le bâtiment construit par Frank Gehry à Bercy, l'ancien American Center.

Barricade. Où est donc le problème? D'abord, cet édifice, assez expérimental et très excitant du point de vue architectural, pose certaines questions d'aménagement: il est un peu petit et nécessite un chamboulement intérieur pres que total. Ensuite, et surtout, les fantômes de Langlois se sont lancés à ses trousses: en acceptant ce cadeau de l'Etat, la Cinémathèque perdrait son âme en bradant son indépendance. Monté sur cette barricade antiétatique, le conseil d'administration de la Cinémathèque, qui reste une association loi 1901 mais bénéficie de subventions gouvernementales à hauteur de 30 millions de francs, a élu à