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Libération

Le Liban hésite devant le divan.

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La psychanalyse se voudrait moins confidentielle, mais les tabous persistent.
publié le 25 juin 2001 à 1h21

Beyrouth correspondance

Souvent les choses s'arrêtent là. Au «conseil religieux», pratique encore très répandue dans tous les milieux au Liban où l'on va confier son mal à cet ancêtre du psychanalyste qu'est l'homme de religion. Quelqu'un dont on est sûr qu'il gardera le secret.

Le cheikh trouvera toujours dans les versets du Coran de quoi soulager les blessures de l'âme. Le prêtre conseillera de réciter un chapelet. Voire plus quand il est éclairé.. car c'est là aussi que tout peut commencer. Dans le confessionnal pour cette femme venue demander pardon pour sa boulimie sexuelle. Après l'acte de contrition, le prêtre lui a dit: «Ma fille, vous n'allez pas bien. Allez voir un psychanalyste, j'en ai unÊà vous conseiller si vous voulez.» Elle a bien voulu.

Comme elle, une poignée de Libanais ont choisi le divan. Une poignée seulement tant la psychanalyse reste confidentielle. D'abord confiné à un public d'analystes en formation (en analyse), le divan s'est à peine démocratisé. Il reste le fait d'une élite occidentalisée, intellectuelle, libérale, urbaine, voire strictement beyrouthine. Les analystes eux-mêmes sont peu nombreux: 21, dont 8 exercent surtout à l'étranger, si bien que freudiens, lacaniens et autres sont fédérés au sein de la Société libanaise de psychanalyse.

Sa tradition plus libérale et son ouverture sur l'Occident, grâce à la présence chrétienne, ont certes placé le Liban, où la psychanalyse démarre au tournant des années 70, à l'avant-garde d'un monde arabe largeme