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Libération
Critique

Alexandre Sokourov, fragments de tourments

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Les documentaires de l'auteur de «Taurus» projetés au Jeu de paume.
publié le 27 juin 2001 à 1h22

Sur la trentaine de films réalisés en vingt-cinq ans d'une intense et fiévreuse activité, Alexandre Sokourov a tourné dix-sept documentaires, qui n'ont eu de cesse, régulièrement, de relancer et de commenter l'oeuvre de l'auteur des récents Moloch et Taurus. Ce sont ces «films documentés», mêlant images d'archives, témoignages, visions et lectures poétiques, parfois des scènes jouées, que le Jeu de paume regroupe et présente cet été sous le titre d'Essais.

Minimal. Depuis son premier long métrage, la Voie solitaire de l'homme, film de fin d'études réalisé en 1978 à la sortie du VGIK, l'Institut cinématographique de Moscou, Sokourov a enregistré les images les plus étonnantes, les plus singulières, les plus bizarres, parfois les plus inquiétantes qui soient. A chaque fois, il met en place un dispositif qui a plus à voir avec la peinture, la lecture, voire l'installation d'art, et saisit avec sa caméra des corps, des paysages, des fragments de décors et de couleurs, qu'il monte ensuite, soit en versions histoires, fictions minimales, soit en versions chroniques, journaux intimes, soit en versions musicales; ce sont les chants mélancoliques qu'il a groupés sous le titre d'Elégies (il en a tourné sept et en prévoit vingt-cinq).

Ces journaux et ces élégies esquissent des portraits d'écrivains (Dostoïevski, Soljenitsyne, le Japonais Shimao), de cinéastes (Tarkovski, Kozintsev), de chanteur (Chaliapine), d'acteurs de l'histoire (Staline, Hitler, Landsbergis, Eltsine) ou d'anonymes pr