«C'était la dernière séance, c'était la dernière séquence et le rideau sur l'écran est tombé.» Dans sa déploration de la disparition des cinémas de quartier, le cinéphile old school Eddy Mitchell omettait un certain type de salles spécialisées qui firent pourtant beaucoup pour la culture populaire et la vie de certains quartiers parisiens des années 70 et 80: les cinémas classés X. Pour le Merri, place de Clichy, dans le 18e arrondissement parisien, la dernière séance, c'était il y a quatre ans, lorsque le cinéma fermait ses portes. Aujourd'hui, il doit se transformer en salle d'art et d'essai. Alors, avant les grands travaux d'été, le cinéaste et comédien Jacques Nolot a fait rouvrir une dernière fois les portes du Merri, pour y tourner son second long métrage après l'Arrière-Pays, très beau voyage sur les traces de son enfance. Cette fois, c'est un huis clos moite à l'intérieur d'un cinéma porno, intitulé la Chatte à deux têtes.
Noirs, mûrs... Vendredi 20 juin, 14 heures. Dans l'entrée, d'anciennes affiches un peu défraîchies: Bourgeoises sodomisées, Secrétaires le jour, salopes la nuit: secrétaires perverses!... Une vingtaine d'hommes attendent. Ce sont les figurants. Ils interprètent les clients du cinéma. Parmi eux, un gringalet septuagénaire en jogging, un BCBG de 50 ans, trois grands garçons noirs superbaraqués, pas mal d'hommes mûrs. Certains ont été recrutés parmi la clientèle des salles spécialisées, d'autres sont venus par la filière classique d'un casting.
La Chatt