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Libération
Critique

L'heur du Qrime

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publié le 29 juin 2001 à 1h24

Qrime comme crime, avec un Q comme question. Avec cette sombre série animée, sélectionnée entre autres au festival du film on line de Sundance, Motomichi Nakamura s'interroge sur le rôle de la violence à travers les âges. En s'appuyant sur des oeuvres littéraires de différentes époques et cultures (des Bacchantes d'Euripide à la Correspondance d'Abélard et Héloïse en passant par l'Histoire de l'oeil de Georges Bataille), le webdesigner new- yorkais explore en huit tableaux la violence à l'oeuvre dans la société contemporaine et la confronte à celle des sociétés primitives. Une mise en scène effrayante, démontrant que les motifs qui sous-tendent cette violence perdurent à travers les siècles et semblent inhérents à la nature profonde des hommes. Le kamikaze qui se sacrifie héroïquement pour son peuple fait écho aux rites sacrificiels antiques destinés à empêcher l'effondrement du cosmos. Dans son petit théâtre de la cruauté, Motomichi Nakamura dépeint un homme, tour à tour sacrificateur ou victime, qui dirige la violence de la société (représentée par des monstres ricanants ou des personnages masqués) contre lui-même, tel le bushi qui s'éventre au sabre pour laver son honneur, ou contre autrui (viol, meurtre, exécution). Sur des musiques indus glaçantes ou des airs de jazz dont la légèreté contraste avec la dureté des scènes, des corps désarticulés se balancent au bout d'une corde, vomissent le sang ou tombent dans le vide. Dans un style visuel agressif et oppressant, dessins