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Libération

Une aussi longue absinthe

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Frappée d'interdit en 1915 pour protéger la santé publique, l'absinthe revient en grâce. Les marchands de spiritueux misent sur son image trouble et son label d'alcool maudit.
publié le 29 juin 2001 à 1h23

Le 16 mars 1915, tandis que les soldats creusent des tranchées en Champagne, les députés votent à Paris la prohibition de l'absinthe. Fin d'un débat enflammé qui aura duré plus de quarante ans (lire ci-dessous). En réalité, pas tout à fait une fin, puisque, quatre-vingt-six ans plus tard, la «fée verte» revient. Sur la pointe des pieds, mais elle revient. Elle aurait même pu arriver plus tôt puisque la levée de l'interdiction date de 1988, grâce au décret signé par Michel Rocard, alors Premier ministre. Depuis lors, on peut en fabriquer, moyennant un taux de thuyone ­ plante à effets neurotoxiques quand elle est prise à hautes doses ­ de 10 milligrammes par litre. En France, la tendance est encore timide. Mais ce n'est qu'une question de temps. Depuis début mai, l'Absente, titrant ses 55 degrés et fabriquée par les Distilleries de Forcalquier, en Provence, forte de son succès aux Etats-Unis et au Japon, est vendue dans quelques épiceries fines. Cusenier, fabricant de liqueurs, est également sur les rangs avec son Oxygénée ainsi que Jean Boyer, célèbre pour ses pastis, avec son Absinthine. Mais c'est surtout dans la cuvette de Pontarlier, berceau de l'absinthe, que les grandes manoeuvres ont commencé. Odile Pernot connaît bien la question. Un nom à ne pas confondre avec celui de Pernod, également originaire de Pontarlier, ex-distillateur d'absinthe et concepteur de l'anisette. Ça la vexerait. Elle a épousé la cause de l'absinthe, en même temps que l'arrière -petit-fils d'Emil