Menu
Libération
Critique

Winogrand les sixties dans le décor

Article réservé aux abonnés
Garry Winogrand a su capturer les mythes et les contradictions de l'Amérique triomphante des années 60. L'hommage à ce photographe prolifique et méconnu sera l'un des temps forts des 32es Rencontres d'Arles.
publié le 29 juin 2001 à 1h24

Un petit singe au rictus retroussé, à l'arrière d'une décapotable, dans la trouée d'une rue new-yorkaise, enfant bizarre et glapissant d'un couple motorisé de la jungle urbaine (Park Avenue, 1959)... Un conducteur au nez cassé, à la gourmette baissée vers le levier de vitesses, une blonde enchignonnée figée à son côté, filant dans la fuite lumineuse d'un décor vrombissant auquel ne manquent que la chanson d'accompagnement d'un Sinatra et l'écho mafieux des machines à sous (Los Angeles, 1964)... Dans les photos de Garry Winogrand, c'est toute l'énergie et tous les mythes de l'Amérique triomphante des fifties et des sixties qui ricochent dans l'air de la rue sur les regards singuliers de la foule, dribblés au sol par le rythme des jambes de femme en talons aiguilles... On y retrouve immédiatement le goût et le mouvement d'une époque de la ville, on les confond presque avec des souvenirs de films, on a l'impression de les retrouver alors qu'on les découvre.

Un million d'images. Pourtant, peu de gens les ont vues. Né en 1928, disparu en 1984, Winogrand est une espèce de légende devenue à peu près insaisissable. «En dehors d'une rétrospective en 1988, quatre ans après sa mort, il n'a plus vraiment été montré. Aux Etats-Unis, on ne trouve que cinq livres, seulement, sur lui. En français, aucun», explique Gilles Mora, directeur artistique des Rencontres internationales de la photographie (RIP) arlésiennes, qui lui consacre, cette année, une exposition phare à l'espace Van-Gogh... to