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Libération
Critique

Duo de griots aux Suds

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publié le 10 juillet 2001 à 0h02

Ambassade du Japon à Paris. L'heure de la fermeture approche. Un «agent de surface» malien en blouse bleue traînant son balai repère un compatriote dans la queue. Son visage s'éclaire: «Vous n'êtes pas Kassé Mady Diabaté, le chanteur du National Badéma? Moi, c'est Fofana.» Kassé Mady se lève, souriant. Echange interminable de salutations. «Fofana!», «Diabaté!» Deux noms, deux sésames, ont suffi pour réaffirmer une relation vieille de sept siècles. «C'est mon diatigui («noble», «protecteur»)», explique le griot. Qu'importe l'exil ou que Kassé Mady soit une star en route pour une tournée japonaise et «son noble» un homme de ménage: si le chanteur était dans l'embarras à Paris, Fofana lui viendrait en aide, comme ses ancêtres l'ont toujours fait. Kassé note son numéro, on ne sait jamais. Puissante tradition mandingue que n'entament ni l'espace ni le temps, où les musiciens sont encore les garants d'une éthique séculaire!

Pourtant, ces dernières années, la musique a évolué. Si les familles de griots (essentiellement Kouyaté et Diabaté) squattent toujours l'avant de la scène, leurs enfants ont assimilé les styles occidentaux et ont leur mot à dire.

Jungle. Après avoir chanté du «folklore modernisé» dans les années 70 au sein du Badéma (groupe officiel de la République malienne), Kassé Mady a enregistré quelques albums world dans les années 80, dont le beau Fodé (Mélodie). Puis on n'entendit plus parler de lui: le neveu de Siramory (référence de la tradition orale), celui que Salif