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Libération
Critique

Frisson Soufi.

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Samedi à Montreux, rare concert de Sussan Deyhim, voix iranienne ascétique.
publié le 14 juillet 2001 à 0h04

Techno-soufi? Opéra world? A vouloir étiqueter la musique de Sussan Deyhim, on frôle la phraséologie. Mais faute de repères, son album Madman of God, sorti l'an dernier sur le label belge Crammed, déroute; l'oreille non avertie refuse simplement de l'entendre. Pourtant, à l'écoute attentive, le CD aspire dans un monde violemment original, pythique. Cette originalité, et le fait que Sussan se produise très rarement, ont laissé dans l'ombre une musicienne unique. S'apprête-t-elle à en sortir? Elle sera ce soir à Montreux, salle Miles Davis, «avec tout son groupe». Espérons qu'il s'agit de celui de Madman of God, et non de ses expériences électroniques avec Richard Horowitz, plus anecdotiques.

Sussan Deyhim est iranienne. Le visage dur, grossièrement taillé, contraste avec le geste hiératique, les chevilles à la finesse d'acier. Elle vit à New York mais balaie d'un revers de main l'épithète «refugee». Pas de trémolo sur l'exil ou la double culture: elle se sent chez elle dans la dureté, l'exigence new-yorkaise. C'est là qu'elle a fait Madman of God, en pleine 14e rue, «entre neuf heures du soir et quatre heures du matin, parce que c'est trop bruyant le reste du temps».

Comédienne, danseuse... Au départ, ce n'était qu'un projet de détente au milieu d'activités plus pointues: comédie, danse, installation pour la vidéaste iranienne Shirin Neshat (prix à la Biennale de Venise 1999). Bien que la voix ne soit pas son seul moyen d'expression, c'est celui qui a fait connaître Sussan chez