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Libération
Critique

Abed Azrié ne se fait pas prier.

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publié le 17 juillet 2001 à 0h06

Fouteur de merde mystique? Empêcheur de psalmodier en rond? Cette fois encore, on flaire un parfum d'hérésie dans le spectacle qu'Abed Azrié crée à Arles, un Evangile selon saint Jean en arabe, avec accompagnement d'accordéon et de qanun, de percus sévillanes et de choeurs libanais. Depuis deux décennies, ce Parisien de la rue Lepic propose, à travers tous ses prétextes musicaux, une relecture iconoclaste des textes fondateurs de la culture méditerranéenne.

Douze albums. L'Epopée de Gilgamesh? «Les scribes de l'époque sumérienne ont créé des héros, mi-humains mi-divins, ils ont donné la possibilité à l'homme de dépasser sa condition par une oeuvre, une création. C'est une première révolte métaphysique de l'homme contre sa destinée qui est de crever». Les soufis? «Ces dissidents de l'Islam ont fait ce qui est interdit par les pensées uniques: réinterpréter les textes sacrés. Pour le peuple élu, Jéhovah est un dieu lointain, qui fait peur. Les soufis, eux, sont amoureux de leur dieu.» Les gnostiques? «C'est une pensée plurielle, le contraire du dieu unique, de la pensée unique.»

En douze albums, c'est le cheminement de toute la pensée méditerranéenne qu'Azrié retrace pas à pas, acharné à reconnaître le vital en chacun, à justifier les pulsions plurielles qui l'habitent, lui, l'enfant d'Alep (Syrie), ville où «les Chrétiens sont très juifs et musulmans et réciproquement, où tout le monde est monothéiste». Dès l'adolescence, il vomissait la tyrannie monothéiste. «L'Ancien Testamen