Gros artifices autour de l'exil d'ouvriers antimussoliniens.
Bêta «Ciao»
Bella Ciao
de Stéphane Giusti avec Jacques Gamblin, Jalil Lespert, Vahina Giocante... 1h45
Un mauvais film, c'est parfois tout simplement la conséquence logique d'une somme de mauvais choix. Et les mauvais choix, Bella Ciao, le second long-métrage de Stéphane Giusti après Pourquoi pas moi? (comédie sur le coming out avec Johnny Hallyday), les accumule. Le premier tient à un problème de langue.
Giusti a choisi de faire parler français ses personnages d'ouvriers communistes. Cette convention, courante dans le cinéma hollywoodien (où elle produit néanmoins des effets discutables, notamment dans la Liste de Schindler, où victimes et bourreaux parlent la même langue), est ici particulièrement mal gérée. Que, dans le premier quart d'heure, les fascistes mussoliniens et les opposants au régime parlent français, passe encore. Mais lorsque, en revanche, le héros (Jacques Gamblin) et sa famille débarquent à La Ciotat au début des années 30 et qu'ils parlent la même langue que les Marseillais qui les accueillent de plus ou moins bonne grâce, l'artifice devient quand même difficile à avaler. On comprend d'autant plus mal la raison pour laquelle cet ancien instituteur, intellectuel engagé entretenant un rapport fort à la parole, devient simple ouvrier. Le drame de la dépossession de la langue, central dans la question de l'immigration, est forcément affaibli par la facilité grossière consistant à déposséder à nouveau ces