Cussac envoyée spéciale
Lee «Scratch» Perry, le producteur fou des plus grands albums de Marley, n'était jamais monté sur scène avec Max Romeo. Trente-trois ans après leur tournée manquée de 1969, avec les Hippy Boys des frères Barrett (futurs Wailers), «Scratch» et Max se sont retrouvés ce week-end à Cussac, un petit village du Médoc, pour chanter ensemble un couplet sur la scène du Reggae Sun Ska, devant 8 000 personnes.
Après le concert, Max a rejoint son complice dans la bâtisse moyenâgeuse qui servait de loge au génie fou. Brandissant une chaise de plastique comme s'il allait la jeter à la tête de Max, le producteur grondait de sa voix nasillarde: «Je ne t'avais pas invité sur scène, j'ai juste mentionné que cette chanson était de toi!» «Je vais m'évanouir d'embarras», murmurait un musicien anglais, offusqué de voir ainsi traiter l'un de ses héros. «Te bile pas, c'est un jeu entre nous!», rigolait Max, heureux d'avoir ajouté un épisode à leur légendaire saga. Quant à l'organisateur du festival, Fred, 27 ans, un peu cuit par le manque de sommeil et les allées et venues en plein cagnard toute la journée, il rayonnait comme un soleil rouge sous ses locks dorées: «Max a chanté avec Scratch! Il l'a fait!»
Héritiers. Si des rencontres historiques peuvent avoir lieu ici, c'est que la France et en particulier sa moitié sud, l'Occitanie est devenue la seconde patrie du reggae. Les Jamaïquains s'y sentent à l'aise. A la fin des années 80, Winston McAnuff s'était même installé à