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Libération
Critique

McFerrin engagé sur plusieurs voix.

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publié le 4 août 2001 à 0h20

envoyé spécial à Marciac

Au début des années 80, il apparaissait dans le hit-parade personnel du critique de jazz Francis Davis, dans la catégorie «espoirs à suivre de près», aux côtés de quatre autres swinging rookies: Craig Harris, Anthony Davis, Wynton Marsalis et David Murray. «Bobby McFerrin a ceci de particulier, écrivait alors le journaliste du Philadelphia Inquirer, qu'il est à même de chanter indifféremment comme une grenouille flapie ou comme une gamine effrontée. S'il évoluait dans les milieux du rock FM, au lieu de se révéler le vocaliste de jazz le plus stupéfiant depuis l'émergence de Betty Carter, il ne manquerait pas de reprendre a capella You've Lost That Loving Feeling, disqualifiant ces pauvres Hall and Oastes, qui l'ont soigneusement massacré.»

Dix ans plus tard, le même Francis Davis dressait le bilan de ses prévisions. «Certains des musiciens que j'ai distingués ont sombré dans une semi-obscurité, constatait-il dans la préface d'In the Moment (Da Capo Press), d'autres ont confirmé leurs promesses. Quant à Bobby McFerrin, il continue de se singulariser, puisqu'il s'est métamorphosé en hamster jovial.»

Ménestrel. Jugement ironique que l'intéressé doit au succès quasi universel de Don't Worry Be Happy, l'une des chansonnettes les plus niaises de l'histoire du jazz dont l'optimisme cartoon a valu à son auteur de se retrouver numéro 1 des charts américains, mais de s'attirer aussi les foudres d'une partie de sa communauté, insensible au message insouciant véhic