Voilà c’est fait. Marciac peut pavoiser et le président du festival gersois, Jean-Louis Guilhaumon, s’estimer satisfait. Après dix années d’atermoiements et de commentaires désobligeants («Keith Jarrett n’a pas pour habitude de se produire sous un chapiteau dressé sur une pâture», aurait notamment déclaré le management de l’artiste lors d’une sollicitation antérieure), Jarrett, convaincu dit-on par l’enthousiasme communicatif de son ancien employeur, Charles Lloyd (à l’affiche l’an dernier), a enfin accepté de venir plaquer quelques accords frisquets au milieu du terrain de rugby de l’US marciacaise, équipe d’ailleurs réputée pour compter en son pack bon nombre de déménageurs de piano.
Il parait même que «Wolfgang A.» (c'est le surnom que lui avaient donné ses copains d'Allentown, Pennsylvanie, au lendemain de son premier récital à 6 ans et demi) aurait particulièrement apprécié le site bucolique imposé et le respect dont a fait preuve à son égard une armada de bénévoles contrainte, pour la circonstance, à se nourrir de sandwiches confectionnés à 100 mètres des cuisines, exceptionnellement closes ce soir-là. Les fourneaux jouxtant les loges des musiciens, il n'était pas question d'importuner l'invité en polluant son plateau régime avec une quelconque odeur culinaire, forcément nauséabonde. Les fumeurs, eux, étant totalement proscrits du périmètre, sous peine d'être abattus sans sommation.
Kamikaze. Avant même de passer au clavier (où il a un peu grogné, car si l’instrum