Menu
Libération
Critique

Monica Bonvicini déshabille l'espace

Article réservé aux abonnés
publié le 7 août 2001 à 0h21

Il n'y a que dans la chambre à coucher qu'il n'y a pas de sexe. Ce truisme qui régit l'exposition de la jeune artiste Monica Bonvicini (née en 1965 à Venise, elle vit à Berlin et à Los Angeles) n'est pas seulement à prendre au mot... car la plupart des pièces exposées à Grenoble réfèrent à l'activité sexuelle. Ainsi Bedtimesquare 1999-2000 invite à s'envoyer en l'air sur un matelas gonflable incrusté dans le cadre rigide, bétonné et carrelé d'une structure minimaliste. Mais il faut aussi entendre dans l'énoncé plus haut que, hormis la chambre, tout espace architectural est analysable en termes sexués. «La politique de l'espace est toujours sexuelle», nous répète depuis quelque temps la critique féministe d'architecture Beatriz Colomina (1), qui a tenté d'établir les preuves de la domination masculine, non seulement sur l'espace architectural mais aussi cinématographique.

Graffitis obscènes. Du caractère sexué de l'architecture: on commençait à s'en douter avec les monuments très phalliques érigés par les architectes utopistes de la Révolution française, notamment Etienne Boullée et surtout Jean-Jacques Lequeu le bien nommé, lequel ne s'embarrassa pas de circonvolutions pour représenter un boudoir en forme de sexe féminin ou telle tour de garde ressemblant assez exactement à un godemiché. Mais l'architecture moderne du XXe siècle n'est pas restée en carafe sur le sujet. Dans son texte célèbre L'ornement est un crime, l'Autrichien Adolf Loos expliquait d'ailleurs en 1908: «Une