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Libération
Critique

La Réunion voudrait changer de rythme

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publié le 10 août 2001 à 0h22

Saint-Leu envoyée spéciale

La lave est descendue des cimes, droit vers la mer, et la ravine s'allonge entre deux coulées, deux dragons hauts comme des tours enserrant un cirque de gravier. Ce site de concert, sur la côte ouest de la Réunion, est l'un des plus fantastiques de l'île, l'entonnoir de basalte y amplifie les sons comme un haut-parleur. Autrefois, on devait s'y retrouver en douce, kayambe (1) sous la veste, pour taper le maloya, du temps où ce style rebelle était pourchassé par la loi. Ce soir-là, c'est le reggae, autre rebelle, qui s'y exprime, mais il est aujourd'hui accepté, intégré. Pour cet hommage à Bob Marley et à Kaya (rasta mauricien mort en prison), l'administration pénitentiaire a même lâché quatre détenus, qui doivent monter sur scène avec Natty Dread, les stars du reggae local: on confie aux rastas la réinsertion des lascars!

La montée du mouvement rap-ragga-reggae était prévisible dans cet océan Indien, où, comme partout, la jeunesse s'identifie aux courants mondiaux. Mais les nombreux groupes jazz, rock ou reggae de la Réunion, malgré leur sensibilité rythmique étonnante, ne sont pas considérés comme représentatifs par les programmateurs étrangers qui les invitent très rarement hors de l'île. Aux Escales de Saint-Nazaire, même les deux groupes des «découvertes» sont de la mouvance traditionnelle: Tam Tam des Cool, un groupe de ragga qui travaille sur le matériau local, et Salem Tradition, une jeune chanteuse de maloya, coup de coeur du festival. «Toujo