L'artiste Pierre Klossowski aura pâti de deux éléments. Son talent d'écrivain et sa fraternité avec le peintre Balthus. Quand il s'est mis à dessiner, il a dû ainsi souffrir, d'un côté, de la comparaison avec les grands tableaux de l'homme aux petites filles et aux chats et, de l'autre, du parallèle avec sa pro pre production littéraire.
Ses sources sont toujours les mêmes. L'auteur des Lois de l'hospitalité est obnubilé par le personnage de Roberte, inspiré par son épouse Denise Marie Roberte Morin-Sinclaire. Il imagine des mises en scène, parfois allégoriques, à la faveur desquelles Roberte est livrée en pâture consentante à une étran ge libido, le tout capté par le regard d'un voyeur, en général Klossowski lui-même, présent/absent mais jamais très loin. La scène fétiche de ces représentations est récurrente: attachée à des Barres parallèles, une bourgeoise en petite tenue s'apprête à subir les derniers outrages de deux sbires peu pressés de conclure. Les fantasmes des lupanars huppés de la Belle Epoque trouvent là leur second souffle, avec toute la délicatesse qu'il convient.
Désamorcer. A l'exception de quelques aquarelles, les techniques préférées de Klossowski sont le crayon de couleur et la mine de plomb. Il s'en sert sur des feuil les de papier dont le format peut atteindre des dimensions inhabituelles pour cet usage. Les maladresses, notamment dans les proportions des personnages, volontaires ou non, ont le charme d'une exécution faussement naïve. Les couleurs, peu no