Dans l'introduction de son livre Negative Space, l'Américain Manny Farber insiste sur l'importance de l'espace dans le style des films. Jordi Ballo et Andres Hispano semblent d'accord avec cette affirmation: ils en ont fait le motif de leur exposition «La cité des cinéastes» (en catalan «La Ciutat dels cineastes»), sise au centre culturel contemporain de Barcelone.
Jubilatoire. Centrant leur travail sur le seul cinéma contemporain, ils évoquent, dans une scénographie somptueuse, aussi bien l'utilisation de l'espace par Nanni Moretti dans Caro Diario, que les folies imaginaires de David Lynch ou les relations de quelques films américains des quinze dernières années (de Short Cuts à Magnolia) avec l'espace urbain contemporain par excellence qu'est Los Angeles. L'effet de ces installations est moins théorique on se fout assez vite des présupposés de l'exposition que ludique et jubilatoire.
Ainsi, dès l'entrée, nous retrouvons-nous en face d'un écran dont la forme rappelle le pare-brise d'un scooter. Y défile la balade en vespa vers Ostie de Journal intime (1994). Hommage de Nanni Moretti à Pier Paolo Pasolini qui y a été assassiné vingt ans plus tôt. A gauche de cet écran, un petit moniteur placé comme un rétroviseur diffuse la séquence de référence: la promenade de Mamma Roma (avec Anna Magnani) sur le vélomoteur de son fils (1962).
Un peu plus loin, l'espace réservé à Smoke de Wayne Wang (1995) aligne quelques dizaines de photos de K.C. Bayley, celles d'un carrefour de Brook