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Libération
Critique

Virtuel virtuose

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Greffe réussie du jeu «Final Fantasy» sur grand écran.
publié le 15 août 2001 à 0h24

Un personnage de cinéma, c'est toujours un fantôme. Une présence qui revient, la trace lumineuse d'un être de chair et de sang, l'acteur, qui a accompli les gestes que l'écran nous restitue. Que peut bien être alors un personnage d'animation en 3D? Il n'est la trace d'aucune réalité antérieure à lui-même; venant de nulle part sinon d'une machine, il ne saurait être un «revenant». C'est peut-être pour cela que les personnages virtuels de Final Fantasy ont si peur des fantômes. Et aussi qu'un film en images de synthèse ne saurait s'interroger sur autre chose que sur la nature de ses personnages, la tension qui les travaille entre l'humain et l'inhumain, le vivant et l'inerte. C'était déjà le cas de Toy Story et de ses jouets dotés d'âme, puis de Shreck et de sa princesse tiraillée entre la condition d'humain et celle d'ogre.

Perfection technique. C'est à nouveau le cas des soldats de Final Fantasy, protégeant les rescapés de l'humanité de l'entêtante danse des spectres. Si les personnages de Final Fantasy ne sont pas, à double titre, des fantômes, le film, lui, est une sorte de forme mutante, voire une étrange excroissance, le greffon cinématographique d'une longue branche de jeux vidéos japonais rencontrant depuis une quinzaine d'années un succès ininterrompu. Le jeu vidéo Final Fantasy, dont le neuvième épisode est sorti en France l'hiver dernier, a cette particularité d'avoir toujours regardé vers le cinéma. Il a construit sa réputation en pimentant les phases de jeu de séqu