Pour débusquer le débutant et le faux débutant, il existe un indice infaillible. La glose accompagnant la présentation de ses travaux est inversement proportionnelle à leur importance. «A partir de l'obser vation et de la récupération d'objets du quotidien, Matali Crasset produit du rêve, prônant l'utopie et la désobéissance domestique», ainsi s'énonce le texte justifiant l'étalage de quelques... coussins! Ou plutôt de poufs en mousse et toile plastifiée empilés dans «l'Espace vital» de la partie des halles rennaises dévolue à l'art contemporain. Matali Crasset n'est pas seule à proposer sa production au public breton. Ils sont onze, dont un mort (Absalon), un exposant off (le chorégraphe John Froger) et un couple (les Libanais Joana Hadjithomas et Khalil Joreige).
Novices. Revenons à notre Parisienne Matali Crasset, ex-collaboratrice de Philippe Starck. On apprend donc qu'elle «observe et récupère des objets quotidiens», activité certes fort louable mais partagée par bon nombre de brocanteurs qui ne se prétendent pas artistes pour autant. Ensuite, elle «produit du rêve». C'est donc qu'elle se prend pour une agence de publicité ou une revendeuse de came. Quant à «l'utopie et la désobéissance domestique», elles sont tombées bien bas pour s'être transformées en gros poufs. Passe encore que Matali Crasset ait eu l'idée d'offrir à ses amis des coussins marrants et bon marché, mais, de là à jouer les «créatrices», il devrait y avoir une marge. Cette marge est trop souvent oblitéré