Menu
Libération
Critique

Kandinsky, abstrait de génie

Article réservé aux abonnés
publié le 17 août 2001 à 0h25

Wassily Kandinsky (1866-1944) peignait en complet-veston. Le vêtement engoncé s'accorde à l'air constipé, sérieux en toutes circonstances, qu'il arbore sur les photo graphies. Difficile d'accommoder ce look avec l'aspect jubilatoire, déchaîné, voire apocalyptique, qu'on accorde à ses tableaux, surtout ceux d'avant 1914-1921 (lire page 17). Wassily Kandinsky, mort à Neuilly, serait en effet l'apôtre de la libération des couleurs, affranchies du joug du contour et de la pesanteur des objets, devenues de vigoureux stimulants. Mais peut-être est-ce en se souvenant de cette dissonance ­ une idée chère aux musiciens qu'il aimait ­ qu'il faut aborder l'oeuvre : Kandinsky fit des études de droit, il étudia la loi avant, à 30 ans, en 1896, de tomber en arrêt devant une Meule de Monet et d'entendre le Lohengrin de Wagner. Deux expériences sensorielles «pénibles» d'abord, mais initiatiques : il allait devenir peintre, pour toute sa vie. Autant dire que chez Kandinsky, l'art, c'est du sérieux. Cent tableaux en témoignent cet été.

Masse vermillon. Le mot «rétrospective», appliqué à l'exposition de la fondation Maeght, prouve une fois de plus qu'il s'agit d'un terme à relativiser. Car la rétrospective Kandinsky du Centre Pompidou, en 1984, n'est pas réitérée par la présente. Des oeuvres différentes livrent un message légèrement modifié, certainement plus spiritualiste, et aussi recadré vers l'Est : l'Allemagne surtout, où il apprit à peindre puis enseigna, et la Russie aussi, qui retint to