Voici un livre qui fera date dans l'histoire du théâtre français et vient, en son heure, rappeler deux ou trois choses qui fondent à la fois l'itinéraire d'un homme, Roger Planchon, l'aventure théâtrale d'une constellation d'hommes et de femmes qui, entre Lyon et Villeurbanne, s'ancrera en province sans jamais lorgner la capitale, et la pérennité de lieux voués au théâtre où l'art et les artistes sont aux postes de commande et non pas des gestionnaires de la culture.
Densité. Voici Un défi en province, l'aventure jamais simple de Roger Planchon autant que celle de ses collaborateurs racontée par un homme du sérail, Michel Bataillon qui, après avoir fait le théâtre d'Aubervilliers au côté de Gabriel Garran, rejoint Planchon en 1972 quand ce dernier fait appel au jeune Patrice Chéreau. C'est précisément là que s'arrête ce premier tome en deux volumes (la suite viendra en 2002).
Jamais, sans doute, on n'a consacré à un homme de théâtre français, de son vivant, un ouvrage d'une telle densité, puissant comme une lame de fond, documenté avec une maniaquerie quasi policière, précis à l'extrême, s'attachant à fouiller les recoins d'une histoire mouvementée qui, en définitive, raconte un demi-siècle de théâtre en France après la Libération.
Au départ, un jeune homme de 15 ans qui, au sortir de la guerre (décoré à 14 ans pour faits de résistance), s'ennuie aux Lazaristes et fait le mur de ce collège lyonnais pour aller au cinéma. Un frère des écoles chrétiennes, surveillant général d