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Libération
Critique

Monaco met l'armée des ombres chinoises en lumière.

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publié le 24 août 2001 à 0h28

S'il avait aperçu ses soldats exposés dans un endroit aussi laid, sorte de parking de supermarché vu de l'intérieur, l'implacable premier empereur de Chine aurait derechef fait enterrer vivants les responsables de l'affront, à commencer par Albert de Monaco, initiateur de la chose. Mais, heureusement, par un jeu de lumières où l'ombre compte autant que la clarté, le scénographe Massimo Quendolo a rendu leur majesté à ces troupes de l'au-delà, silhouettes raides de terre cuite dont les visages graves nous toisent de vingt-trois siècles en arrière. Et c'est ainsi que «Bébert de Monac'» sauve sa tête, piochant peut-être quelques idées pour la sépulture de sa propre dynastie.

Tombeau. Plongée dans la pénombre, la salle du Grimaldi Forum ressemble effectivement à un tombeau, où l'on pénètre presque à tâtons, vaguement salué par d'inquiétantes ombres chinoises qui nous épient derrière des tentures. Puis surgissent les vingt soldats et chevaux, échappés d'une armée de terre cuite qui compte 7 000 valeureux combattants, là-bas, dans le mausolée de l'Empereur, à Xi'an (province du Shaanxi). Arbalétriers, cavaliers, conducteurs de char, équipages de quadriges, fantassins: tous semblent prêts au combat. Et ils en imposent. Allure sereine et cuirassée, sourire figé, coiffures soignées, chaque exemplaire trace un portrait différent. A leurs côtés, les chevaux, prêts à bondir, ont le naseau frémissant.

Si le premier empereur fit reconstituer ces troupes autour de sa tombe, c'est pour l'acco